Le Groupe de Carnetin

Le goût du bon air (n’oublions pas que Paris, dans les années 1900, est en travaux : poussière, bruits, rues impraticables, ….), le plaisir de la détente, et surtout l’envie de partager tout et rien, de se retrouver pour refaire le monde, créer une œuvre littéraire ou artistique parce que l’on est jeune et que l’on aime la vie. Ils ne sont pas les premiers, certes, ils ont perpétué une tradition ancienne, celle des « salons » au XVIIe siècle, puis des « cafés » au XVIIIe siècle mais eux regardent vers l’avenir au tournant du XXe siècle .

Pendant quelques années, ils se sont retrouvés au village de Carnetin. Ce sont ces dimanches qui ont soudé les membres de cette « famille littéraire ». Ils incarnent la jeunesse et ses aspirations.

La maison qu’ils ont louée est toujours là, les vignes n’y sont plus mais la nature a gardé ses droits. La Marne coule dans la vallée, la gare de Lagny-Sur-Marne (Seine et Marne) s’y trouve également. Il fallait grimper pendant 5 ou 6 km à pied avant de rejoindre ce que Léon-Paul Fargue décrit avec humour
« un petit castel de cinéma dont les tourelles étaient à l’envers et la cave au grenier ».

Francis Jourdain, en particulier, a raconté cette aventure dans « Sans Remords ni Rancune » éditions Corrêa Paris (1953). Leurs liens scellés dans l’amitié, le respect mutuel et les affinités de pensée ont perduré jusqu’à la disparition  de chacun.

C’est dans cette maison que le Groupe de Carnetin se réunissait plusieurs fois par mois de 1904 à 1907. Fuyant le tumulte parisien, ils venaient à Carnetin profiter de la campagne, y puiser leur inspiration, débattre sur l’écriture au rythme de leur amitié et du respect mutuel, ciment de ce groupe.

Charles-Louis Philippe y côtoie :

 

  • Marguerite Audoux (1863-1937), dite « la couturière des lettres », romancière;

 

  • Francis Jourdain (1876-1958), architecte-décorateur, peintre et écrivain;

 

  • Léon-Paul Fargue (1876-1947), écrivain et poète;

 

  • Léon Werth (1878-1955), romancier;

 

  • Michel Yell (1875-1951), écrivain;

 

  • Charles Chanvin (1877-1953), poète et avocat.

Quelques photos prises à Carnetin

Photos Ville de Vichy médiathèque Valéry Larbaud

Charles-Louis Philippe, Michel Yell et Charles Chanvin

Marguerite Audoux, Emilie Millerand, Michel Yell, Charles-Louis Philippe, Agathe Jourdain photographiés par Léon-Paul Fargue au retour des courses le lendemain de leur installation à Carnetin.

Michel Yell, Charles-Louis Philippe et Léon-Paul Fargue à la Croix

Emilie Millerand, Charles-Louis Philippe, Michel Yell, Francis Jourdain et sa femme Agathe

Michel Yell, Charles-Louis Philippe, Charles Chanvin, Angèle (fille d’Emilie Millerand)

Charles-Louis Philippe, à proximité du 18 rue la Croix

Charles-Louis Philippe et Emilie Millerand

Charles-Louis Philippe à la gare de Lagny

Correspondance de Charles-Louis Philippe

Le 12 juin 1906, Charles-Louis Philippe écrit à son père et lui désigne l’endroit où il loge à Carnetin (18 rue de la Croix).

Au dos de cette carte datée du 07 août 1906, Charles-Louis Philippe écrit à son père :
« Je suis ici jusqu’à ce soir. Il fait bien beau. Bonne santé et à bientôt. Voilà la tour en face de chez nous et plus loin les arbres de la vallée de la Marne. Louis ».

On lit plus haut : « cordiale poignée de mains à M. Philippe et mes affectueux baisers à la mère de notre Ch.Louis. Ch. Chanvin »